Le premier amour de Marc n’a pas passé l’hiver. Le grand bal de la Saint-Sylvestre, à Garabrun, a eu raison de lui. La dernière nuit de l’année, baignée de lumière par une lune presque ronde, s’annonçait exceptionnellement douce. Pour ce soir-là, Marc avait rêvé d’une grande promenade romantique, à deux sur une draille du Luberon, suivie d’un bivouac d’amoureux, sur les crêtes, au bastidon du Pradon. Mais Mariette ne l’entendait pas ainsi ; elle voulait la foule, elle voulait rire et danser. Marc avait baissé la tête. Dans ces bals populeux, ceux qui ne dansent pas, ne vont pas sur la piste. Tous les envieux en profitent pour entourer la jeune fille délaissée et se moquer du maladroit. Marc avait cela en horreur et Mariette le savait. Ils s’étaient séparés sans projet commun.
Le lendemain, alors qu’il retournait à toutes pédales vers sa dulcinée, Marc fut hélé dès les premières maisons de Garabrun, par un groupe de jeunes gens. En ricanant, ils lui apprirent que la belle Mariette avait terminé la nuit dans les bras d’un beau garçon de Sadaillan et crié bien fort à tous que son précédent amoureux n’était qu’un minable dont elle ne voulait plus entendre parler.
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