Ils cheminent l’un près de l’autre, silencieux, jusqu’à un sentier caillouteux qui s’élève tout droit le long d’une arête rocheuse. À gauche, la silhouette allongée de Ventabel vient d’apparaître au-dessus de la barre de rochers qui la dissimulait jusque là.
     Vu d’ici, le village semble plaqué sur les campagnes à l’arrière-plan, comme un ruban de maisons claires. La vieille citadelle se détache de l’ensemble par ses angles droits, et le haut de la rue Sainte-Barbe reste masqué par des chênes buissonnants au premier plan.
 
     Comme Simon ouvre la bouche pour lui indiquer quelques lieux précis, du bout des doigts, Leslie arrête les mots sur ses lèvres, pour jouir en silence de ce regard dominant le village.
 
     Une soudaine rafale de Mistral les secoue. Instinctivement, Leslie se serre contre lui, comme pour ne plus laisser place au vent. Elle lui prend la main et murmure :
     « Grâce à toi, je suis heureuse. »