Simon a une prédilection pour les truffières reculées, loin sur les hauteurs à l’arrière de Mouret, Espels ou Garabrun. Il évite les Champs-Élysées de la truffe, ces voies royales, ces larges vallons connus de tous et faciles d’accès, où les truffières réputées généreuses sont vite repérées, tant la terre est retournée par les visiteurs qui s’y succèdent. Simon préfère aller plus loin, plus haut, là où les seuls concurrents sont les sangliers en bande qui dévastent parfois des versants entiers à la recherche des rabasses.
 
     Quand ils vont à Poussieù, un des ravins préférés de Simon, ils laissent les bécanes près de la source qui coule dans un creux de rocher à hauteur d’homme. La marche d’approche est longue. Le sentier serpente en évitant d’énormes blocs rocheux et s’élève rapidement. En se retournant, on découvre bientôt l’entrée du vallon, tout en bas, qui paraît déjà bien petite. De part et d’autre, deux jetées rocheuses terminées par des semblants de phares, dégringolent chacune de son versant pour enserrer un port étrange, empli de buissons et de pierres.
 
     Et puis, on arrive face à la falaise infranchissable. Seuls ceux qui savent, peuvent continuer en suivant l’étroite sente, à peine visible, qui part sur la droite, franchit quelques marches sobrement taillées dans le rocher et par un long détour contourne l’obstacle. Dès lors, on ne voit plus les vignes au pied de la montagne, ni même le village d’Espels un peu plus loin. C’est comme un autre monde, fermé à la civilisation en bas et ouvert sur la vie sauvage vers le haut.